La page Rosa Luxemburg et la Commune s’appuie sur une recherche exhaustive des références à la Commune dans les écrits et discours de Rosa Luxemburg. Cette recherche a pour ambition de donner accès directement aux textes et de permettre à chacun de comprendre quelle place occupait la Commune dans la pensée et l’action de Rosa Luxemburg et quels enseignements elle en ressortait. La page regroupe les premiers éléments d’un travail qui, nous l’espérons, pourra trouver son éditeur. Parallèlement, un spectacle-lecture est en cours de réalisation avec Sabrina Lorre, comédienne, initiatrice et animatrice d’une inoubliable Quinzaine Rosa Luxemburg à Saint-Etienne.
Ce site complète le blog originel créé en décembre 2007 : il comporte plusieurs centaines d’articles et reste le blog principal. Dernier article publié pour ce 150e anniversaire de la Commune : Rosa Luxemburg, les Spartakistes et la Commune https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/
De 1894, première mention dans une lettre d’une toute jeune femme de 23 ans à l’orée de ses engagements jusqu’à l’article “l’Ordre règne à Berlin”, dernier article, écrit la veille de son assassinat, “Présence de la Commune de Paris” dans la pensée et l’action de Rosa Luxemburg.
14.01.1919
“L’Ordre règne à Berlin”
« L’ordre règne à Varsovie », « l’ordre règne à Paris », « l’ordre règne à Berlin ». Le dernier article de Rosa Luxemburg fait directement référence à la Commune.
“Qui n’évoquerait l’ivresse de la meute des partisans de « l’ordre », la bacchanale de la bourgeoisie parisienne dansant sur les cadavres des combattants de la Commune, cette bourgeoisie qui venait de capituler lâchement devant les Prussiens et de livrer la capitale à l’ennemi extérieur après avoir levé le pied ? Mais quand il s’est agi d’affronter les prolétaires parisiens affamés et mal armés, d’affronter leurs femmes sans défense et leurs enfants, ah comme le courage viril des fils de bourgeois, de cette « jeunesse dorée », comme le courage des officiers a éclaté Comme la bravoure de ces fils de Mars qui avaient cané devant l’ennemi extérieur s’est donné libre cours dans ces atrocités bestiales, commises sur des hommes sans défense, des blessés et des prisonniers!”
http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/02/04/rosa-luxemburg-et-la-commune-6-lordre-regne-a-varsovie-lordre-regne-a-paris-lordre-regne-a-berlin-le-dernier-article-de-rosa-luxemburg-fait-directe/ Rosa Luxemburg et la Commune (11)
24.11.1918
. “Un jeu dangereux”
Les provocations qui préparent l’assassinat de la révolution.
” … Qui n’est pas écœuré d’entendre les gardiens du Capitole de l’anarchie bourgeoise, ceux là-même qui ont transformé en quatre ans l’Europe en un champ de ruines, crier à « l’anarchie » de la dictature des prolétaires!
Les classes possédantes, qui, en mille ans d’histoire, n’ont reculé, à la moindre rébellion de leurs esclaves, devant aucun acte de violence et aucune infamie afin de protéger ce qui constitue le garant de “l’Ordre”: la propriété privée et la domination de classe, ces classes possédantes crient depuis toujours à la violence et à la terreur … des esclaves. Les Thiers et Cavaignac qui avaient assassiné des dizaines de milliers de prolétaires parisiens, hommes, femmes et enfants, lors du massacre de juin 1848, ont ensuite submergé le monde de leurs gémissements à propos des prétendues “atrocités” de la Commune de Paris. …
Mais il y a quelqu’un d’autre, qui a un besoin pressant de faire régner aujourd’hui le terrorisme, le règne de la terreur, l’anarchie, ce sont ces Messieurs les Bourgeois, ce sont tous les parasites de l’économie capitaliste, qui tremblent pour leurs biens et leurs privilèges, leurs profits et leurs pouvoirs. Ce sont eux qui mettent sur le dos du prolétariat socialiste des menées anarchistes fictives, des prétendus projets de putsch, afin de faire déclencher au moment opportun par leurs agents, de vrais coups d’Etat, une réelle anarchie, pour étrangler la révolution prolétarienne, pour faire sombrer dans le chaos la dictature socialiste et ériger pour toujours sur les ruines de la révolution la dictature de classe du capital.
Vous, Messieurs les Bourgeois et vous du Vorwärts, fidèles serviteurs du capital condamné à disparaître, vous spéculez comme ceux qui sont menacés de faillite sur la dernière carte : sur l’ignorance, sur l’inexpérience politique des masses. Vous attendez le bon moment, vous rêvez des lauriers des Thiers, Cavaignac et Gallifet.
C’est un jeu dangereux. Le jour, l’heure sont à la dictature du prolétariat, au socialisme. Celui qui s’oppose au char de la révolution socialiste sera laissé à terre, les membres brisés.
Rosa Luxemburg, un jeu dangereux, Die rote Fahne, le 24 novembre 1918. Traduction Dominique Villaeys-Poirré, le 30.11.2021 http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/02/03/pour-situer-les-reflexions-de-rosa-luxemburg-sur-la-commune-durant-la-revolution-en-allemagne-1-24-11-1918-elle-publie-larticle-un-jeu-dangereux/ Rosa Luxemburg et la Commune (10)
1915
La Brochure de Junius
“La classe ouvrière paie cher toute nouvelle prise de conscience de sa vocation historique. Le Golgotha de sa libération est pavé de terribles sacrifices. Les combattants des journées de Juin, les victimes de la Commune, les martyrs de la Révolution russe – quelle ronde sans fin de spectres sanglants ! Mais ces hommes-là sont tombés au champ d’honneur, ils sont, comme Marx l’écrivit à propos des héros de la Commune, « ensevelis à jamais dans le grand coeur de la classe ouvrière ». Maintenant, au contraire, des millions de prolétaires de tous les pays tombent au champ de la honte, du fratricide, de l’automutilation, avec aux lèvres leurs chants d’esclaves. Il a fallu que cela aussi ne nous soit pas épargné. Vraiment nous sommes pareils à ces Juifs que Moïse a conduits à travers le désert. Mais nous ne sommes pas perdus et nous vaincrons pourvu que nous n’ayons pas désappris d’apprendre. Et si jamais le guide actuel du prolétariat, la social-démocratie, ne savait plus apprendre, alors elle périrait « pour faire place aux hommes qui soient à la hauteur d’un monde nouveau ».
Rosa Luxemburg et la Commune – http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/02/14/la-classe-ouvriere-paie-cher-toute-nouvelle-prise-de-conscience-de-sa-vocation-historique-le-golgotha-de-sa-liberation-est-pave-de-terribles-sacrifices-les-combattants-des-journees-de-juin-les-vi/
27.06.1913
Questions tactiques
“Manifestement, nous devrions être mûrs pour la grève de mars seulement lorsque chaque homme, chaque femme de la classe ouvrière sera membre de la social-démocratie. Même si l’on ne peut que louer le zèle déployé pour le travail d’organisation, de telles conceptions renferment une grave sous-estimation du rôle historique et des capacités à agir des masses inorganisées.Alors, il convient de réfléchir et de nous demander comment a bien pu faire l’histoire mondiale sans nous, sans nos cercles électoraux, sans le Comité directeur du parti? La lutte des classes – ce que l’on oublie trop souvent dans nos rangs – n’est pas un produit de la social-démocratie, mais bien au contraire, la social-démocratie est le produit le plus récent de la lutte des classes. Et partout et toujours, ce sont les masses laborieuses qui ont agi lorsque les temps étaient arrivés et qui ont mené les batailles décisives de ce combat … Et il ne s’agissait plus de soulèvements chaotiques, de petits cercles désespérés comme on a l’habitude de les concevoir pour la “guerre des paysans”, mais de formidables actions portées par une pensée politique, la ténacité, le sens du sacrifice, avec discipline et rigueur, sérieux et dignité.”
Extrait de “Questions tactiques”, article paru le 27 juin 1913 – Traduction Dominique Villaeys-Poirré (Merci pour toute amélioration de la traduction) – Gesammelte Werke, Tome 3, P251 – 252. http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/02/01/rosa-luxemburg-et-la-commune-de-paris-1-et-il-ne-sagissait-pas-de-soulevements-chaotiques-de-petits-cercles-desesperes-mais-de-formidables-actions-portees-par-une-pensee-politique-la-tena/Rosa Luxemburg et la Commune de Paris (9) :
1910
Durant la Campagne électorale de 1910
“Et cette société s’attend à ce que nous abandonnions la voie que nous avons choisie, la lutte pour nos droits politiques les plus élémentaires, de peur de sacrifier notre vie! Comme si les mouvements historiques mondiaux pouvaient être freinés dans leur avancée victorieuse par des moyens aussi grossiers! Il nous suffit de regarder vers la France, de regarder vers ce grand champ d’expérimentation de la révolution moderne. Combien de fois y a-t-on tenté de noyer dans le sang le prolétariat naissant, le socialisme! Avec le terrible massacre de juin 1848, ce que l’on voulait, c’était étouffer l’appel du prolétariat pour une «république sociale». Mais 22 ans plus tard, le drapeau du socialisme flottait de nouveau victorieux avec la Commune de Paris. Puis vint la vengeance face au soulèvement de la Commune, la cruelle boucherie de mai 1870. Des dizaines de milliers de morts et de vivants furent enterrés ensemble dans une fosse commune, dans le grand cimetière parisien du Père Lachaise. Une grande pelouse nue et usée au fin fond du cimetière, un mur nu sur lequel sont suspendues aujourd’hui quelques simples couronnes rouges, délavées par la pluie, comme par des torrents de larmes, voilà tout ce qui restait de la Commune de Paris dans un premier temps. La bourgeoisie victorieuse non seulement en France, mais aussi en Allemagne, et même dans le monde entier, jubilait, pensant qu’elle avait enseveli les graines du socialisme au plus profond de cette pelouse. Mais c’est précisément sur la tombe de la Commune que le prolétariat international a noué l’alliance fraternelle que rien au monde ne peut plus briser; Après une décennie, le socialisme a resurgi de la tombe de la Commune avec une force décuplée.”
01.05.1909
Ier mai 1909, article paru dans le Socialiste.
“… Dans la nuit des misères que font naître les crises du capitalisme, des fantômes s’élèvent, annonçant l’inexorable destin, qui déjà se pouvait prévoir à l’aurore même de l’ère capitaliste.”
“La lutte de classes, génératrice de ces crises qui déchire la société bourgeoise et qui, fatalement, causera sa perte, fait comme une trainée rouge à travers toute l’histoire d’un siècle. Elle se dessinait confusément dans la grande tourmente de la Révolution française. Elle s’inscrivait en lettres noires sur la bannière des canuts de Lyon, les révoltés de la faim qui, en 1834, jetèrent le cri : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ! » » Elle alimentait le feu rouge des torches allumées par les chartistes anglais de 1830 et de 1840. Elle se levait comme une colonne de flammes du terrible massacre de juin 1848 à Paris. Elle jetait son éclat de pourpre dans la capitale de la France, sur le mouvement de 1871, lorsque la canaille bourgeoise victorieuse se vengeait sur les héros de la Commune par le fer meurtrier des mitrailleuses. …
Le but du 1er mai est une déclaration de guerre retentissante sans merci, lancée à cette société par des millions de bouches et qui se répercute sur toute l’étendu du globe. Dans cette unanimité internationale du mouvement se trouve la garantie que nos bataillons ne seront plus écrasés dans une lutte héroïque, mais inégale, parce qu’isolés, comme ceux de Juin et de la Commune, comme les glorieux combattants de Saint-Pétersbourg, de Varsovie et de Moscou.
Le 1er mai est la fête mondiale du travail, la commémoration annuelle des luttes révolutionnaires glorieuses du prolétariat moderne, la continuation de leurs traditions et la proclamation solennelle de cette vérité qu’un jour sonnera l’heure où non plus des détachements isolés du prolétariat de telle ou telle nation mais le prolétariat de tous les pays soulèvera dans une lutte commune pour mettre bas le jour exécrable du capitalisme.”
Le 1er mai et la lutte des classes – Socialisme N° 74, 1er mai 1909, P 1 et 2 – Publié dans Le socialisme en France P 265 – 267, Editions Agone/Smolny,
Rosa Luxemburg et la Commune de Paris (6) – http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/01/30/rosa-luxemburg-et-la-commune-7-extrait-de-larticle-le-1er-mai-et-la-lutte-des-classes-la-lutte-de-classes-generatrice-de-ces-crises-qui-dechire-la-societe-bourgeoise-et-qui-fatalement-cau/
22.02.1905
Le pèlerinage du prolétariat,
En 1905, une première révolution a ébranlé l’Empire russe : une partie de la Pologne dont était originaire Rosa Luxemburg faisait à l’époque partie de l’Empire tsariste. Cette première révolution russe a profondément marqué la pensée et l’action de Rosa Luxemburg. Elle y a participé, a été arrêtée, emprisonnée, elle y a risqué sa vie. Elle lui a aussi consacré un grand nombre d’articles et d’analyses en particulier sur la grève de masse qui prend pour elle une importance centrale. Elle l’amène à réfléchir aux formes in-attendues au sens propre que peuvent prendre les mouvements révolutionnaires. Ici un très bel extrait d’un texte sur le “Dimanche rouge” : il concerne la manifestation du 9 janvier 1905 (“étrange” pour les bourgeois, pour les partis sociaux-démocrates, loin de leur schéma de ce que doit être une révolution) qui vit des ouvriers, femmes en tête, marchant derrière … un prêtre apporter … une supplique au tsar devant le Palais d’hiver. Et ce spectacle lui en rappelle un autre :”le spectacle a déjà eu lieu une fois dans l’histoire”. La marche sur Versailles en 1789.
Rien n’est plus à même de libérer d’un seul coup d’un seul notre pensée des chaînes étouffantes des idées reçues et à l’entraîner dans toutes les directions qu’une période révolutionnaire. L’histoire réelle, comme la nature créatrice, est bien plus étrange et plus riche dans ses inventions que le pédant qui classifie et systématise tout.
Lorsque parvint pour la première fois à l’étranger l’annonce de la marche des travailleurs de Saint-Pétersbourg pour remettre au tsar une supplique, celle-ci suscita généralement des sentiments mitigés et sans aucun doute d’abattement. Une image étrange de naïveté primitive empreinte dans le même temps d’un caractère tragique et grandiose, enveloppée d’un voile mystique inconnu et déconcertant, s’offrait au regard réaliste du sage Européen, qui hochait la tête tristement la tête devant l’aveuglement fatal de tout un peuple.
Ce n’est que lorsque les canons ont été montés sur l’esplanade Ostrow-Wassilewski, lorsque cet étrange pèlerinage a été accueilli par le tsarisme avec un sérieux au sens propre « sanglant » que se sont rappelés à notre souvenir Paris, les barricades, des réminiscences tout à fait modernes de l’Europe occidentale. Et lorsque nous apprîmes que dans d’autres villes de Russie le soulèvement prenait la forme populaire de la grève générale, avec de plus la distribution massive de tracts sociaux-démocrates, nous fûmes complètement rassurés sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une caravane orientale, mais d’une révolution prolétaire moderne. …
Car le spectacle a déjà eu lieu une fois dans l’histoire, et le début s’est déroulé tout à fait selon la recette libérale. Ce 5 octobre 1789, lorsque le prolétariat parisien, les femmes en tête, se rendit à Versailles pour ramener son gros Capet à Paris et pour lui parler entre quatre’s yeux, les choses se passèrent d’abord avec une acceptable urbanité et dans un assez bel ordre. Louis XVI donna l’assurance, quoique les lèvres quelque peu tremblantes, qu’il souhaitait revenir “avec confiance et avec plaisir” auprès de ses chers Parisiens, et peu après il y eut même sur le Champ de Mars une grande démonstration de serments mutuels de fidélité et de vœux pour l’éternité, sans fin, tout à fait comme entre un lycéen amoureux et une gamine rougissante sous un lilas en fleur. Et pourtant, le bon Louis s’est vite tellement empêtré dans le jeu idyllique commencé avec le peuple qu’il a fini par en perdre complètement sa tête de cochon.
Traduction Dominique Villaeys-Poirré, 15.02.2021
1902
Martinique
L’irruption du Mont Pelé fait des milliers de victimes. Les puissances impérialistes font assaut de “générosité”. Rosa Luxemburg dénonce leur hypocrisie.
” … Et nous vous avons vue, vous aussi, oh République, en larmes ! C’était le 23 mai 1871, quand le soleil glorieux du printemps brillait sur Paris, des milliers d’êtres humains pâles dans des vêtements de travail étaient enchaînés ensemble dans les rues, dans les cours de prison, corps contre corps et tête contre tête ; les mitrailleuses faisaient crépiter par les meurtrières leurs museaux sanguinaires. Aucun volcan n’avait éclaté, aucun jet de lave n’avait été versé. Vos canons, République, ont tiré sur la foule compacte, poussant des cris de douleur – plus de 20.000 cadavres ont recouvert les trottoirs de Paris !”
http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/01/25/la-repression-de-la-commune-dans-martinique-lun-des-plus-beaux-articles-de-rosa-luxemburg-et-nous-vous-avons-vus-vous-aussi-oh-republique-en-larmes-cetait-le-23-mai-1871-quand-le-sole/ Rosa Luxemburg et la Commune (4)
1899
Réforme sociale ou révolution?
“Cette objection révèle une série de malentendus quant à la nature réelle et au déroulement de la révolution sociale. Premier malentendu : la prise du pouvoir politique par le prolétariat, c’est-à-dire par une grande classe populaire, ne se fait pas artificiellement. Sauf en certains cas exceptionnels – tels que la Commune de Paris, où le prolétariat n’a pas obtenu le pouvoir au terme d’une lutte consciente, mais où le pouvoir lui est échu comme un bien dont personne ne veut plus – la prise du pouvoir politique implique une situation politique et économique parvenue à un certain degré de maturité.”
http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/2021/02/16/la-commune-de-paris-dans-reforme-sociale-ou-revolution-1899-rosa-luxemburg-et-la-commune-17/Rosa Luxemburg et la Commune (3)
1898
Intervention au Congrès de Stuttgart sur la tactique
« … Mais, si nous partons du principe que nous pouvons faire aboutir pleinement les intérêts du prolétariat , alors il serait impossible de faire des déclarations telles celles de Heine dernièrement selon laquelle nous pouvons faire également des concessions dans le domaine du militarisme ; puis celle de Konrad Schmidt dans l’organe officiel de la social-démocratie majoritaire au parlement bourgeois et justement la déclaration de Bernstein selon laquelle, une fois à la barre, nous ne serons pas en mesure, même dans ce cas, de nous passer du capitalisme. En lisant cela, je me suis dit quel bonheur qu’en 1871, les travailleurs socialistes de France n’aient pas été aussi sages, sinon, ils auraient dit : les enfants, allons nous coucher, notre heure n’a pas encore sonné, la production n’est pas encore suffisamment concentrée pour que nous puissions rester à la barre. Mais au lieu du formidable spectacle, de la lutte héroïque, nous en aurions vu un autre, les travailleurs n’auraient pas été des héros, mais de simples vieilles femmes. Je crois que le débat pour savoir si une fois au pouvoir, nous serons en mesure de socialiser la production, si elle est déjà mûre pour cela, est purement académique. Nous ne devons nourrir aucun doute sur le fait que ce que nous voulons c’est conquérir le pouvoir politique. Un parti socialiste doit toujours se montrer à la hauteur de la situation, il ne doit jamais se dérober à ses propres tâches. Aussi, devons-nous clarifier pleinement nos positions sur ce qu’est notre but ultime, nous le réaliserons contre vent, tempête et quel que soit le temps . »
1894
Lettre à Boris Kritschewski.
Ce militant russe propose un article pour la revue que Rosa Luxemburg, Leo Jogiches et des militants polonais font paraître. C’est l’organe de presse du parti qu’ils viennent de créer en réaction au courant nationaliste (PPS). C’est la première mention sur la Commune. On y voit déjà son approche marxiste et sur des basses de classe.
” Je propose d’ajouter un petit passage pour dire que la Commune n’a pas pu alors introduire le socialisme pour des raisons internes, surtout à cause de la façon dont était posée la question ouvrière en France, dans toute l’Europe et l’Amérique. Elle n’a pas même eu le temps d’effectuer les moindres réformes fondamentales au bénéfice du prolétariat, à titre de mesures provisoires, temporaires, dans le cadre du système actuel.”