“Nous avons perdu en cette année beaucoup d’amis : Jaurès, notre Faisst …” . Suivre Rosa Luxemburg en 1915

“… Nous avons perdu en cette année beaucoup d’amis : Jaurès, notre Faisst et le petit chat. Une année terrible”

Ce sont les mots qui concluent la dernière lettre pour l’année 1914 dans la Correspondance publiée chez Dietz Verlag.

Dans cette lettre adressée à Kostia Zetkin, Rosa Luxemburg décrit tout d’abord, avec humour et tendresse – comme souvent – la venue d’un merle au milieu des moineaux qu’elle est en train de nourrir sous les yeux attentifs de sa chatte, un merle” grand et maladroit sur ses longues pattes”, parmi les  moineaux “tout ronds et agiles”.

Comme souvent cette lettre entremêle des remarques ou infos politiques rapides, qui sont source d’information précieuse pour l’historien. Ici: “Je pars maintenant pour le débat sur la Russie à la maison des syndicats”, “La brochure de March[lewski] est un vrai scandale.”

Et elle finit par cette phrase qui montre tant de détresse derrière la dérision: “… Nous avons perdu en cette année beaucoup d’amis : Jaurès, notre Faisst et le petit chat. Une année terrible”




HUGO FAISST

Hugo Faisst était un musicien et avocat, un proche de Rosa Luxemburg. Il a disparu , terrible ironie, LE 30 JUILLET 1914, l’un des PREMIERS MORTS sur le front, l’un des premiers amis et camarades de Rosa Luxemburg à mourir dans cette guerre dont ils avaient tant combattu l’avènement.

Hugo  Faisst était un ami du grand musicien Hugo Wolf dont il interprétait les Leader. Rosa Luxemburg évoque dans l’une de ses lettres de prison un de ces chants qu’Hugo Faisst interprétait pour elle à son anniversaire.

En 1904, un recueil des lettres de Hugo Wolf à Hugo Faisst a été publié. Il a été réédité et reste disponible.



HUGO WOLF

 “Même les petites choses peuvent nous enchanter” dit un lied de Hugo Wolf : perles, olives, rose… mais aussi les lieder de Hugo Wolf eux-mêmes, qui durent souvent une ou deux minutes seulement, mais se dégustent comme un nectar. “Caviar du lied”, ont dit certains – où Dominique Hoff puise un florilège de chants variés, de légèreté en intensité, de danse en drame. Chez Wolf, on trouve aussi bien un oiseau qui parle et dit la vérité cruelle sur sa branche (événement “merveilleux” typique des contes traditionnels), qu’un hymne au mystère profond de la nuit qui descend, en passant par le rêve de choucroute d’un soldat affamé… le *Concert Conté* suit son cours, comme une seule grande histoire.

http://www.dominiquehoff.com/DominiqueHoff/Hugo_WOLF.html

A lire ces lignes, ne peut-on imaginer ce qui résonnait de ces lieder en Rosa Luxemburg et mieux imaginer ces moments d’anniversaire et l’univers musical et artistique qu’elle côtoyait.

A écouter, surtout le premier extrait.

http://www.postedecoute.ca/catalogue/album/livre-de-lieder-italiens-hugo-wolf

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