Tu t’es vu(e) sans Cabu et Lettre ouverte à feu les djihadistes, un texte venu de Saint-Etienne où eut lieu une folle quinzaine Rosa Luxemburg qui devint moi(s).

Tu t’es vu(e) sans Cabu

Lu cette formule dans un journal peu proche, mais la formule exprime si bien le désarroi, que j’avais cru même l’avoir trouvée toute seule.

Une entorse aujourd’hui à la dimension, strictement de recherche sur et à propos de Rosa Luxemburg, de ce blog.

Parce que le texte vient de Saint-Etienne et que cela vient de l’un de ceux rencontrés lors de cette si exceptionnelle quinzaine Rosa Luxemburg. Parce qu’il me semble que Rosa Luxemburg crée ce genre de rencontre avec de belles personnes comme dit le texte.

Et aujourd’hui, parce que Cabu, antimilitariste, penseur libre, aurait eu 77 ans. Et que sa pensée assassinée fait écho sur ce blog.



 Le texte: Lettre ouverte à feu les djihadistes

Alors, ça y est, t’es macab’, six pieds sous terre, prêt à être bouffer par les vers, parce que je t’assure le paradis n’existe pas, et je crois, même s’il existait, il ne t’accepterait pas, c’est pas l’armée du salut, le paradis, tout de même. Dans ta trentaine d’année, toute récente, t’as été pressé de vivre ou plutôt de mourir, tu voulais donner un sens à ta vie, peut-être. Merde on a dû mal t’orienter, c’est pas par là, suis bien le GPS, fais pas de connerie. T’as tapé quoi sur ton tom-tom spirituel : héroïsme ? et on t’a indiqué de tirer sur des vieux dessinateurs de 80 ans. Ben ouais, c’est ça le problème avec les soldes surtout les premiers jours, on est prêt à te refiler pour pas cher n’importe quelle camelote, pourvu que ça fasse marcher le commerce. Ton petit commerce macabre. Parce que c’est ça. Pointer une kalachnikov devant des crayons à papier, quelle bravoure ! C’est quoi le prochain djihad ? Buter un boulanger parce qu’il t’a filé une baguette trop cuite ? Décapiter le gars qui t’aura doublé par la droite ? Les gars que tu voulais tuer n’existent plus, toi, non plus, tout ce qui reste, c’est une grosse merde que t’as pondu. C’est toujours le problème après les fêtes, les chiottes sont débordées ! C’était quoi, ton problème ? Tu ne te sentais pas français ? Rassure-toi, moi non plus. J’ai tendance à dire que d’une certaine façon tu étais plus français que moi, vu que si je remonte à mes origines, mon nom vient de Savoie et qu’à une certaine époque l’Algérie était plus française que ce département. Alors tu vois, niveau communautarisme, moi, personnellement je me sens autant d’affinité avec les bouffeurs de raclette qu’avec les mangeurs de couscous. Que veux-tu, j’aime la vie, la bouffe, la déconnade… enfin jusqu’à un certain niveau. Ta dernière blague m’est restée au travers de la gorge comme un os de poulet. Même si t’es mort, j’ai encore envie de te dire, t’es con ou quoi ? Dans ta petite vengeance personnelle, tu nous laisses, nous, les vivants, bon ou pas, avec cet arrière goût amer. Dans la tête des plus bornés, le pays se retrouve divisé en deux entre pro et anti-musulman. Moi, j’ai une autre manière de partager ce pays : il y a le clan de ceux qui ont deux sous d’intelligence et qui ne feront pas d’amalgame foireux et ceux qui ne chercheront pas plus loin que le bout de leur front pour attiser la haine à tout va. Oui, d’une certaine façon, j’ai envie d’appeler ton acte de bravoure, acte de lâcheté, parce que, toi, maintenant que t’es crevé, tu t’en fous, mais, c’est qui qui va se retrouver avec un plan vigipirate de fou pendant plus de deux ans et peut-être Marine Le Pen en 2017, toute triomphante grâce à toi ? C’était quoi, ton but ? Redorer la popularité d’un président français qui en avait bien besoin ? Il ferait mieux de s’attaquer à la crise économique parce que ça nous a foutus dans la merde toi, comme moi, et c’est cette misère qui crée insidieusement l’obscurantisme et la folie meurtrière. Avec ceux qui restent et qui souffrent, j’ai envie de leur proposer non pas un sursaut républicain à la con (j’imagine Marianne avec un défibrillateur de lois sécuritaires) mais un véritable acte d’amour révolutionnaire. Tout d’abord, qu’on puisse instaurer des minutes de silence sur les réseaux sociaux, voire des heures, qu’est-ce que ça serait bien parfois. Bon, je sais c’est par ce biais là que je m’exprime, mais avoue que c’est plutôt rare. Et puis, à la manière de Gébé, qui a préféré crever plus tôt avant de voir ta tronche de cake ; Dans son film l’an 01, il nous proposait de faire un pas de côté et de voir ce que ça faisait. C’est pas mal comme idée, non ? Allez, salut le moribond, ne m’attends pas, je vais traîner un peu plus sur terre, il y a encore des personnes belles avec qui j’ai envie de partager ma vie.

A très bientôt.



Illustration : http://www.liberation.fr/societe/2015/01/11/marche-republicaine-le-best-of-des-slogans_1178541

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